ELIANE ROBIN





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Ma pratique du dessin et de la peinture : une longue histoire à éclipses

Quelques données biographiques

Pour ce qui concerne mes années de scolarité, la pratique des arts plastiques fut très limitée. Dans mes souvenirs je retiens les illustrations des cahiers de poésie et les frises sur le cahier en fin de journée. Rien au collège et au lycée le dessin de plâtres et de natures mortes. Ce que je dessine et peins se fait en famille. Mais dans les années 50, il n’était guère question de faire autre chose que des coloriages et des dessins au crayon noir. 

Il faut que je devienne institutrice en maternelle pour retrouver un milieu porteur en termes  de créativité (nécessité d’inventer des situations pédagogiques depuis l’utilisation de pochoirs à la peinture « à la manière de », la peinture au doigt, au rouleau, à la brosse, à l’éponge, ou au pinceau...). Ce métier me donne aussi  accès à quelques cours à l’école normale. Pendant toutes ces années ma pratique se limite à quelques dessins et huiles pendant les vacances. Juste ce qu’il faut pour entretenir le goût de tenir crayons et pinceaux. Il faudra attendre la retraite en 2005 pour pouvoir consacrer du temps à cette activité. Un peu de temps. C’est un peu tard pour reprendre une vraie formation mais pas trop tard pour se faire plaisir. 

J’ai d’abord suivi les cours donnés dans les maisons de quartier par la ville de Montreuil puis je me suis inscrite à L’université ouverte Denis Diderot. J’y ai expérimenté différentes techniques et retrouvé quelques bases indispensables. J’ai alors su ce que je voulais faire : de l’aquarelle. 



Pourquoi l’aquarelle


Essentiellement, ce qui m’attirait c’était de jouer sur les transparences. Sans doute ce qu’il reste de mon goût d’enfant pour les vitraux, le jeu de la lumière avec le verre. Toute autre raison me faisait souhaiter faire de l’aquarelle : les remords n’y sont guère possibles. Il faut composer avec le bon comme le moins bon, le contrôlé comme l’incontrôlé. Sachant à quel point le comportement de l’eau est peu prévisible, peindre à l’aquarelle c’est accepter l’aléatoire. Bref, c’est la vie.

Depuis 2017 je peins donc à l’aquarelle et j'y consacre vraiment du temps. J’ai bénéficié d’un an de cours à la Maison Populaire de Montreuil, quelques séances de carnets de voyage, deux stages de trois jours et quelques cours par internet pendant le confinement. Dans toutes ces situations peu de données théoriques s’offraient à moi mais beaucoup de tâtonnements. Jusqu’à maintenant cette démarche m’a convenu.

Mon plaisir consiste à voir émerger des formes de la surface plane. Je ne produis guère que des peintures à voir, des peintures qui portent l’harmonie. Je peins la plupart du temps à partir de mes photos, parfois à partir de gravures de catalogues. Cela explique la diversité de mes sujets. Je fonctionne assez souvent au coup de cœur. J’arrive parfois à relater des scènes de genre et à traduire des atmosphères mais c’est rare. Il me reste bien des progrès à faire dans ce domaine.  J’ai commencé à faire des séries en particulier des séries illustrant le temps qui passe (4 saisons). Parfois je pars sur des mondes inconnus. C’est aussi ça, la joie de la peinture : sortir du réel et laisser aller son imagination. J’ose parfois aller jusqu’à de pures zones de couleurs juxtaposées. C’est très rare

. La diversité de mes productions correspond aussi à la diversité de mes références en fonction du critère retenu. J’aime Bruegel le vieux pour ses scènes de genre, Malevitch pour sa structuration de l’espace, Ingres pour ses dessins, l’art chinois pour ses paysages, Mondrian pour le travail de la couleur ou les impressionnistes pour le travail de la lumière.

Je voudrais arriver à faire des aquarelles dans lesquelles les gens s’installent, se promènent. 

Mes aquarelles aujourd'hui


Techniquement, j’ai trouvé quelques constantes. Je n’ai pas de couleur de prédilection mais, là encore, je recherche l’harmonie et la relation au sujet. Pas de couleurs unies dans mes aquarelles. Je les travaille pour qu’elles donnent les volumes, les formes. Je tente d’introduire la lumière dans mes compositions. Petit à petit, je vois les choses se transformer.

Après m’être limitée aux petits formats, je me suis lancée jusqu’aux plus grands formats compatibles avec notre appartement (50/60, 30/90). Je n’utilise plus que du papier Arches 300g. Je me limite à quelques pinceaux «petits gris» quelques «martre» et 2 pinceaux plats. 

Ma démarche est maintenant assez stabilisée. Je prélève deux, trois ou quatre photos dans un dossier bourré d’images. Je les accroche pour les contempler et m’en imprégner. J’ai besoin de ce point de départ. Lorsque le temps est venu, je passe à la réalisation. Pas de brouillon. Quelques coups de crayon très légers, presque rien, pour cadrer le sujet et puis les premiers lavis dans l’humide en respectant les réserves. Je construis mon espace en partant des lointains, des arrière-plans. Je commence par des aquarelles transparentes et finis par des opaques dans le sec. Le point d’arrivée est la plupart du temps assez différent de ce qui a servi de déclencheur. C’est aussi ça la liberté du peintre .... 

Créé avec Artmajeur